Il s'agissait de ma troisième création aux côtés de Léo Cohen-Paperman, Directeur de la compagnie des Animaux en Paradis (Reims) et metteur en scène pour le Festival du Nouveau Théâtre populaire (Fontaine-Guérin) depuis 2009. Cette nouvelle adaptation d'Othello a bénéficié de la traduction inédite de Sacha Todorov, dramaturge, musicien et metteur en scène. Le spectacle a pu être produit grâce à l'association de la compagnie des Animaux en Paradis et O'Brother Company, dirigée par Fabien Joubert.
"Notre spectacle verra le jour à une époque qui offre les apparences déguisées de l’apocalypse. Et Othello est une œuvre désespérée, une commotion. C’est le cri ultime devant une sombre machination que rien ne sera parvenu à avorter, un merveilleux projet humain bravant l’inacceptable altérité anéanti par un homme, Iago, qui ne voit que non-sens et ténèbres au plus originel de la condition humaine."
Dans la mise en scène de Léo Cohen-Paperman, l'île de Chypre est représentée par un hôtel "all inclusive", à la fois kitsch et inquiétant.
Les personnages de la pièce partent à Chypre pour faire la guerre, mais se retrouvent très vite dans une ambiance festive et bon enfant. Le décor est donc centralisé sur l'espace de l'hôtel : d'un côté le couloir, où les passages se répètent et s'entremèlent ; de l'autre, la chambre d'Othello et Desdémone, sorte de "promesse de bonheur" parodique.
Au fil des scènes, le couloir tourne sur lui même pour faire apparaître la chambre, dans une rotation de plus en plus rapide, qui vire au cauchemar. Peu à peu, Iago prend possession des lieux et procède à un déssossement savemment orchestré du décor. La chambre est dépourvue de ses décorations colorées et débordantes pour laisser place à la froideur du métal. Le lit conjugal devient cerceuil. Enfin, le couloir s'effondre par un ultime soufflé, balayant le public d'un vent brutal et poussiéreux.