La Terre se révolte est l'histoire d'une rencontre entre Andréa, étudiante en philosophie et descendante de migrants espagnols ; et Wassim, poète et réfugié syrien. Andréa s'invite chez Wassim à Paris. Commence alors une nuit de questionnements autour de l’exil, de la guerre et de l’héritage familial. En poésie, non sans humour et par la grâce de la danse, s’esquisse une utopie libératrice.
Ma rencontre avec Sara a marqué un tournant dans mon parcours de scénographe, puisqu'elle m'a offert une collaboration étroite entre espace scénique et mise en scène. À mon sens, une scénographie est réussie lorsque la mise en scène lui laisse la place d'exister pleinement, à travers une vision commune qui a pour but premier de servir le texte et les acteurs. Nous avons travaillé de nombreux mois sur la conception du décor, sous la direction bienveillante de Maurizio Moretti, chef des ateliers à la MC93 de Bobigny.
Nous avons choisi d'inscrire la rencontre entre Andréa et Wassim dans un lieu central et unique : celui de la chambre de bonne parisienne. Cet espace est à la fois exigu, faisant écho à la précarité du poète Syrien ; et ouvert, puisque les deux murs de la face sont absents. Ainsi, la chambre est à la fois réaliste (accessoires, mobiliers, patine) et symbolique : tout autour d'elle, les souvenirs et les rêves émergent, à la manière de flash bach (un camp de réfugiés en Jordanie, la maison familialle à Ryad, un bureau de police Jordanien...).
Le décor est construit selon le principe d'une tournette, surrélevée à 70cm du sol. C'est donc le plancher qui tourne et non la pièce dans sa totalité. Au cours du spectacle, la chambre subit un éclatement/démembrement : les murs sont retirés et placés tout autour du socle central. L'espace final nous semble alors très ouvert, libre de toutes contraintes, c'est l'utopie.
J'ai eu le plaisir de travailler en collaboration avec les ateliers de la MC93 (Bobigny) et du théâtre des Bernardines (Marseille) pour la création de deux pièces de costume : une longue jupe inspirée des modèles folkloriques espagnols (flamenco) pour le personnage d'Andréa (interprété par l'actrice Lou de Laâge) et une combinaison rouge pour la figure de la femme rouge (interprété par la danseuse Ingrid Estarque).