Dans un style direct où chaque réplique est un coup porté pour mieux se défendre, La Loi de la gravité met en scène Dom et Fred, 14 ans, fille masculine et garçon féminin, qui trouvent en l’autre un refuge contre le monde où la norme tue. Fred est nouveau dans Presque-La-Ville. Dom ne va plus au lycée et passe ses journées sur la colline à observer la vraie Ville, de l’autre côté du pont, lieu de tous les fantasmes et d’une liberté encore inaccessible. Se profile alors la quête d’un genre à soi, unique, qu’ils doivent imaginer pour survivre, pour mieux vivre.
À la première lecture du texte, j’ai imaginé le pont qui relie les deux villes comme un «plongeoir». Cette première intuition a guidé notre travail vers un espace à la fois réaliste et symbolique. Le plongeoir, inspiré du célèbre que l’on trouve à Saint-Malo, renvoie à l’enfance et au jeu. En haut d’un plongeoir, nous sommes souvent désorientés, tiraillés entre l’excitation et la peur de sauter. Dans l’histoire de Dom et Fred, cette peur de «traverser le pont» est omniprésente.
L'architecture de ce plongeoir permet plusieurs espaces de jeu : le double escalier, le dessous comme un abris caché et la plateforme en hauteur. Au sol, un tapis de danse noir et brillant renvoie à l’océan, la profondeur, la menace.