Bien que nous nous connaissons depuis plusieurs années, IVRES a été ma première collaboration scénique avec Ambre Kahan. Chamboulée par la crise sanitaire, cette magnifique création a enfin vue le jour en septembre 2021, au QUAI - CDN d'Angers.
Adaptée du texte Les enivrés de Ivan Viripaev, la pièce parle avant tout d'ivresse. L’ivresse de Dieu, l’ivresse de l’amour, l’ivresse de la libération. À travers une succession de tableaux, des êtres plus ivres les uns que les autres se croisent tout au long d’une nuit. Des couples, des amis, des inconnus, se rencontrent, s’affrontent et se confrontent, se retrouvent ou se trouvent.
Deux grands principes ont guidé notre travail scénique. D'une part, la recherche d'un espace hybride et mouvant, où intérieur et extérieur se confondent. D'autre part, l'exploitation du plateau dans sa profondeur, afin que chaque tableau soit une surprise pour le spectateur. La scénographie de IVRES s'articule donc autour de quatre plans distincts, séparés par trois grands rideaux. Chaque ouverture est accompagnée par une bande son, faisant de chaque scène un réel tableau visuel. Nous plongeons d'abord dans un intérieur bourgeois où le tapis de sol semble basculer en avant, provoquant ainsi le déséquilibre des acteurs. Ce même tapis devient ensuite le promontoir du musicien (Jean-Baptiste Cognet), avant d'être échappé dans les airs. L'espace est alors recouvert d'un large carré de glace (patinoire), contrastant avec le mobilier de la première partie. Une fois au plafond, la grande rosace devient une percée de lumière évoquant la présence du Seigneur, récurrent dans le texte de Viripaev. Appui de jeu à la fois concret et poétique, cet élément architectural sert de lien entre les différents espaces.